Il y a 36 ans, Honda concevait le projet d’un robot humanoïde capable de remplir certaines tâches de la vie courante. Et le 31 octobre dernier, cela faisait déjà 21 ans que Honda présentait Asimo, le produit de ce concept. Honda abandonnera son robot en aout 2018. Retour sur son histoire.
Un développement d’abord porté sur la marche
En 1986, la recherche générale en robotique en était encore à ses balbutiements. La société japonaise Honda pensait déjà à l’avenir. Elle a créé un département voué à étudier le mécanisme de la marche humaine, afin de la reproduire sur un robot. C’est ainsi que la firme construisit ses premiers prototypes expérimentaux de robots marcheurs. Physiquement, ils ne ressemblaient qu’à une paire de jambes articulées, transportant une plate-forme informatisée.
E0 (Experimental Model 0) naquit d’ailleurs en 1986. Il arrivait tout juste à poser un pied devant l’autre toutes les cinq secondes. Les robots E1, E2 et E3 comportèrent de considérables améliorations et atteignirent la vitesse de 3 km/h en 1991. Ces innovations se font grâce à une étude encore plus poussée des locomotions animale et humaine. Le transfert de poids lors du déplacement apparaissait primordial. Et entre 1991 et 1993, E4, E5 et E6 stabilisèrent leur ambulation suivant le type de sol détecté, même un sol inégal ne leur faisait pas peur. La vitesse atteinte s’approchait de 5 km/h. Mais il manquait un corps au-dessus de ces jambes.
Des bras apparaissent sur Asimo de Honda
Lors de la seconde phase de fabrication de prototypes, Honda commença à ajouter des éléments. Le premier robot à posséder des bras fut le P1 (Prototype Model 1), d’une hauteur de 191,5 cm pour 175 kg. On le disait capable d’allumer et d’éteindre des interrupteurs, d’ouvrir des portes, d’attraper et de poser des objets.
En décembre 1996, ce fut au tour de P2 de subjuguer les foules passionnées par les robots de science-fiction. Il fut le premier à pouvoir avancer sans qu’un amoncellement de fils le suive constamment. Plus petit et plus lourd (182 cm pour 210 kg), P2 transportait sa propre batterie et son ordinateur de bord. Il était capable de monter et de descendre des escaliers, voire de pousser un chariot. Honda avait dépensé pas moins de cent millions de dollars pour son développement.
Enfin P3, le dernier des prototypes d’Asimo, haut seulement d’1,60m pour 130 kilos, fit figure de poids plume lorsqu’il fut présenté en septembre 1997. Son informatique avait été en fait décentralisée, réduisant donc sa masse. P3 put donc s’immerger plus facilement dans un environnement humain. Ses vingt-huit degrés de liberté et toutes les technologies dont il était bardé firent baisser sa vitesse de déplacement à 2 km/h. Quant à son autonomie, elle était de vingt-cinq minutes.
Asimo, le maître incontesté des robots humanoïdes pendant plus de 15 ans
Le 31 octobre 2000, Honda présenta donc Asimo. Bien plus petit que ses prototypes, il gagnait également un degré de liberté. Il marchait à une allure ne dépassant pas 1,6 km/h. L’amplitude de ses mouvements et de ses épaules avait été grandement améliorée. Mesurant seulement 120 cm pour 52 kg, il prit le design quasi définitif d’un petit astronaute.
Ses mains manifestaient une grande habileté et disposaient d’une force de pression de cinq cents grammes. Il possédait un pouce opposable qui lui permettait d’utiliser un téléphone portable ou de tenir un journal. Et son corps était constitué d’un alliage de magnésium recouvert d’une résine en plastique. Quant à son ordinateur de bord, il se trouvait logé dans son dos, à la ressemblance d’un astronaute transportant ses bouteilles d’oxygène.
Le 15 décembre 2004, Asimo Next Generation sortit de la boîte de Pandore des chercheurs. Asimo 2 se révélait légèrement plus grand de dix centimètres pour à peine deux kilos de plus. Il fut le premier à être capable de courir à la vitesse de 3 km/h. Et son Intelligence artificielle avait été largement revue à la hausse. Il était désormais capable d’identifier des objets mobiles, de serrer la main tout en gérant sa force. Il pouvait distinguer les voix des bruits parasites et reconnaître des visages. Toutes ces avancées avaient pour finalité d’améliorer l’interaction avec les êtres humains. Il fut également le premier modèle à se connecter à Internet pour aller chercher des informations. Quant à son autonomie, elle était passée à une heure.
Variation autour du nom Asimo
Asimo est un acronyme pour Advanced Step in Innovation MObility (avancée supplémentaire dans l’innovation de la mobilité). Asimo (prononcé « ashimo ») signifie « des jambes » en japonais. Son nom rappelle celui de l’écrivain de science-fiction Isaac Asimov. D’après la société Honda, ce ne serait que pure coïncidence.
Asimo se tape l’incruste dans le monde des humains
New Asimo, la troisième génération, naquit le 13 décembre 2005. Sa vitesse de course avait été médiatisée car elle doublait et passait à 6 km/h. Il apparaissait de plus capable d’exécuter des courbes en baissant légèrement le pied.
Ses applications avaient en outre été adaptées à la vie de tous les jours : il pouvait assurer la réception dans une entreprise, guider et informer. Il pouvait tenir quelqu’un par la main et marcher en se synchronisant avec lui. De plus, il pouvait manœuvrer un caddie de dix kilos, transporter un plateau-repas à une table sans rien renverser. On pouvait louer cette version pour 170 000 dollars par an, une première !
Enfin, le 11 décembre 2007, la quatrième version d’Asimo fut mise au point. Légèrement plus petit (120 cm pour 52 kg). Le robot retournait se charger de lui-même à sa base quand sa batterie se vidait. Une liaison WiFi entre robots leur permettait de coordonner les tâches. Ce modèle se révélait aussi capable de laisser passer une personne qui lui barrait le chemin.
Des produits dérivés du robot Asimo
Durant toutes ces années de développement, le projet Asimo a permis de mettre au point différentes technologies. Celles-ci ont été réutilisées par la firme japonaise dans d’autres projets :
- Un exosquelette miniature d’aide à la marche. Celui-ci se place sur la taille et les cuisses à l’aide d’une ceinture. Il permet de marcher sans fatigue pendant deux heures à une vitesse moyenne de 4 km/h.
- Le Walking Assist Device. Une amélioration du précédent exosquelette. Il assiste le marcheur de la ceinture jusqu’aux pieds. Il permet même de monter un escalier sans se fatiguer.
- Le Honda U3-X. Ce gyropode était basé sur les technologies gyroscopiques déployées pour assurer l’équilibre d’Asimo. Il suffit de s’asseoir dessus, d’incliner son corps dans la direction voulue et de laisser l’U3-X faire le boulot.
Article dérivé et remis à jour de l’article “Asimo fête ses 10 bougies” publié dans Planète Robots n°9 de mai 2011.
Page officielle du projet Asimo chez Honda.
Illustration en une : © Honda