Des chercheurs du RIKEN Guardian Robot Project au Japon ont créé un androïde à visage d’enfant nommé Nikola, capable d’exprimer six émotions de base. Cette étude, publiée début février dans Frontiers in Psychology, a testé dans quelle mesure les observateurs pouvaient identifier ses six expressions faciales.
Un panel d’émotion certifiées par les observateurs
Bienvenue au cœur de la Vallée de l’Etrange. Bonheur, tristesse, peur, colère, surprise et dégoût : telles sont les six émotions primaires générées par les actionneurs du visage de Nikola. L’étude, menée par le Professeur Wataru Sato du RIKEN Guardian Robot Project, avait ainsi pour objet la fabrication d’un androïde capable d’exprimer des émotions reconnaissables par le public. De fait, pour la première fois dans une étude scientifique, la qualité des émotions exprimées par l’androïde s’est vue testée et vérifiée auprès d’un panel de participants.
À l’intérieur du visage de Nikola se trouvent 29 actionneurs pneumatiques qui contrôlent les mouvements des muscles artificiels. Six autres actionneurs contrôlent quant à eux les mouvements de la tête et du globe oculaire. Les actionneurs pneumatiques sont mus par la pression d’air, en vue de rendre ses mouvements fluides et silencieux.
Nikola, fruit du Facial Action Coding System
L’équipe a incorporé ces actionneurs de façon à reproduire les signaux du Facial Action Coding System (FACS). Une méthode de description des mouvements du visage développée par les psychologues Paul Ekman et Wallace Friesen en 1978. Celle-ci recense de nombreuses expression faciales, dites “unités d’action”, caractérisées par le “haussement des joues” ou le “plissement des lèvres”.
Différents tests ont prouvé que les mouvements du visage de Nikola ressemblaient à son modèle humain. Les participants parvenaient ainsi à reconnaître les six émotions prototypiques sur le visage de Nikola, bien qu’avec des précisions variables.
En effet, la peau en silicone de Nikola est moins élastique que le derme et forme plus difficilement des rides. Ainsi, des émotions telles le dégoût étaient plus difficiles à identifier car l’unité d’action des rides du nez ne pouvait pas être incluse.
Des androïdes pour étudier les interactions sociales
“A court terme, les androïdes comme Nikola peuvent être des outils de recherche importants. Ils pourront faire avancer la psychologie sociale ou même les neurosciences sociales”, explique Wataru Sato. Selon le coordinateur de l’étude, les androïdes ont vocation à faciliter une enquête empirique rigoureuse sur les interactions sociales humaines.
Si Nikola n’a toujours pas de corps, le but du projet est de construire un androïde capable d’assister les individus. En particulier les personnes en situation de handicap. “Les androïdes qui peuvent communiquer émotionnellement avec nous seront utiles dans un large éventail de situations réelles, telles que les soins aux personnes âgées” indique encore le professeur. Et d’ajouter : “ces androïdes ont la faculté de promouvoir le bien-être humain”.
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