A la croisée du contrôle collaboratif et du deep learning, le projet SeaClear de l’Université de Delft au Pays-Bas envoie des robots à la collecte des déchets marins. Des phases de test prometteuses ont débuté en septembre 2021 en Croatie, et l’équipe entend commercialiser ses robots à compter de 2023.
SeaClear, des robots pour sauver les mers
C’est sur la côte de Dubrovnik, en Croatie, en septembre 2021, que deux petits robots parcouraient les fonds marins à la recherche de débris, en septembre 2021. Le robot Guardian ayant pour tâche de reconnaître les déchets, tandis que le robot Tortuga les ramasse dans sa corbeille. Testés pour la première fois en environnement réel, ces robots entamaient ainsi leur mission inaugurale pour évaluer leur capacité à effectuer certaines tâches, telles que la reconnaissance des déchets et les manœuvres sous l’eau.
“Nous pensons que notre projet sera le premier à collecter les déchets sous-marins de manière automatique avec des robots”, a déclaré le Dr Bart De Schutter, professeur à l’Université de technologie de Delft aux Pays-Bas et coordinateur du projet SeaClear.
Une équipe de robots en collaboration
Selon l’équipe, ces robots sont à la pointe des innovations développées pour nettoyer les déchets sous-marins. Les océans contiennent en effet entre 22 et 66 millions de tonnes de déchets, dont 94% d’entre eux s’accumulent dans les fonds marin. Les animaux marins peuvent être affectés s’ils avalent des déchets ou s’y retrouvent piégés, tandis que la santé humaine est également menacée lorsque des particules se retrouvent dans la nourriture.
Nommé SeaClear, Le projet du Dr De Schutter est composé de quatre types de robots qui fonctionneront en collaboration. Le SeaCat, un vaisseau robotique resté à la surface de l’eau, servira de plaque tournante en fournissant de l’énergie aux autres robots. Le vaisseau contiendra ainsi un ordinateur servant de cerveau principal au système. Les trois autres robots, deux opérant sous l’eau ainsi qu’un drone aérien, seront attachés au navire.
Chargé de trouver des déchets, un robot sous-marin s’aventurera près des fonds marins pour effectuer des analyses rapprochées à l’aide de caméras et de sonars. Le drone aidera également à rechercher des ordures lorsque l’eau est claire en survolant une zone d’intérêt. Dans les zones troubles, il détectera les potentiels obstacles, tels que des navires.
Le Deep Learning pour cartographier les déchets marins
Le système sera capable de faire la distinction entre les déchets et les autres objets sur le fond marin. Il pourra ainsi distinguer les animaux marins et les algues, via un programmation en deep learning. Dans le même temps, la collecte des déchets s’effectuera par robot sous-marin.
Ce dernier ramassera ainsi les objets cartographiés par ses compagnons. Équipé d’une pince et d’un dispositif d’aspiration, il devra collecter les déchets et les déposer dans un panier captif. Déposé sur le fond marin, celui-ci remontera à la surface une fois la mission effectuée.
“Nous avons fait quelques tests initiaux près de Dubrovnik. Une bouteille en plastique a été déposée pour les besoins de l’expérience et nous l’avons récupérée avec un robot préhenseur”, a déclaré le Dr De Schutter. Le coordinateur de l’étude l’assure, “nous aurons plus d’expériences lorsque nous essaierons de reconnaître différents déchets dans des circonstances plus difficiles, puis de les collecter avec le robot.”
SeaClear en phase avec les missions de l’UE
L’équipe estime que ce système pourra détecter jusqu’à 90 % des déchets sur le fond marin. Annonce encore plus prometteuse, le robot pourrait collecter environ 80 % des déchets identifiés. Ce taux d’efficacité est conforme aux objectifs de la mission de l’UE “Restaurer nos mers et océans d’ici 2030”. Celle-ci visant à éliminer la pollution et à restaurer les écosystèmes marins en réduisant les déchets en mer.
Une fois le projet terminé, fin 2023, l’équipe prévoira la vente de ses systèmes automatisés dans les cinq prochaines années. Ils pensent que cela intéressera les collectivités locales des régions côtières, notamment dans les zones touristiques. Les entreprises s’intéressent aussi à l’achat du système et à la fourniture d’un service de nettoyage ou par la location des robots. “Ce sont les deux directions principales que nous envisageons”, indique ainsi le Dr De Schutter.
(c) SeaClear