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L’homme a toujours voulu recréer la vie, ou du moins quelque chose qui y ressemble. Ce n’est pas nouveau, les premières statuettes préhistoriques n’en constituent-elles pas les prémices ? Les robots qui envahissent nos maisons ont déjà une histoire, Planète Robots se doit de la conter.
L’industrie s’empare du phénomène
Jusque-là, les robots ne servaient en réalité pas à grand-chose, sinon à faire la démonstration d’exploits techniques ou à amuser le public. On peut citer Pierre Bézier (qui a donné son nom à la célèbre courbe) : après avoir été employé aux usines Renault comme ajusteur-outilleur, il fut capturé par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce fut donc en captivité qu’il mit au point, en secret, les plans de la machine de transfert, un automate qui devait faciliter et optimiser le travail à la chaîne dans les usines de
construction automobile. En 1946, ses travaux furent mis en pratique pour produire les 4 CV de Renault au rythme de 300 véhicules par jour. Ce n’était pas encore un robot mais cela y ressemblait fort.
George Devol, après avoir créé le premier robot programmable en 1954, puis une machine à hot dogs automatique, rejoignit Joseph Engelberger pour créer Unimation en 1956, la première société de robotique de l’histoire. Unimation exploita ainsi commercialement, dès 1961, le premier robot industriel créé par Devol durant la décennie précédente, l’Unimate. Celui-ci imposa le principe du bras robotisé. Il
était en fait le descendant direct des télémanipulateurs développés pour les besoins du nucléaire. General Motors fut le premier client, ce qui lui permit d’automatiser certaines tâches sur les lignes d’assemblage.
Les robots se déguisent en jouets
Les robots ont très tôt fasciné les enfants. En 1940, une société japonaise commercialisa le tout premier Tin Toy avec le modèle Liliput. Ce robot de 16 cm de haut était fabriqué avec du fer-blanc de récupération. Il n’avait absolument rien d’un automate mais son aspect disait le contraire et suffisait à faire rêver les moutards de l’époque. Pendant vingt ans, ces jouets eurent un succès immense et furent fabriqués massivement en Chine et en URSS. Aujourd’hui encore, de nombreux collectionneurs recherchent les pièces les plus rares à travers le monde.
Un film de la fin des années 1970 révéla les robots sous leur meilleur jour : Star Wars. Le réalisateur George Lucas sauta sur l’occasion de créer un univers entier de marchandisage, particulièrement autour des stars robotiques R2D2 et C3PO. Cette manne lui permit de se constituer un empire ainsi qu’une place au panthéon des personnalités les plus en vue. Les années 1980 ont marqué un renouveau du robot jouet grâce à la vague des animés provenant principalement du Japon (Astro le petit robot, Goldorak, Bioman, X-Or…). Ces robots n’étaient toujours pas animés mais des succès planétaires comme les Transformers en 1985 ont montré à quel point ce thème attirait les foules. Hasbro a surfé sur la vague en gérant également des tas de produits dérivés comme les dessins animés ou les comics de chez Marvel.
Cette période a également été le départ de la commercialisation des premiers robots animés. Tomy fut un grand précurseur grâce à sa gamme Omnibot. Ces robots humanoïdes sur roues étaient télécommandés et pouvaient être programmés par le biais d’un lecteur de cassette audio intégré.
Cette période a également marqué le début de la commercialisation des premiers robots animés. Tomy fut un grand précurseur grâce à sa gamme Omnibot. Ces robots humanoïdes sur roues étaient télécom-
mandés et pouvaient être programmés par le biais d’un lecteur de cassette audio intégré.
Emiglio, de GP Toys, un robot télécommandé, permettait, lui, de transporter des objets sur un plateau, de parler à distance à travers une voix robotique. Sa réussite fut telle que ce jouet est toujours en vente aujourd’hui.
Le jeu vidéo amorçait également son extraordinaire expansion. C’est tout naturellement que Nintendo proposa aux joueurs Robotic Operating Buddy (R.O.B.), un robot servant d’accessoire à la console NES. Sorti en 1985, il recevait ses ordres par le biais de flashes lumineux provenant de la télévision. Il était capable de tourner la tête, d’attraper des toupies pour les mettre en action, puis de les déposer.
Dans l’espace, les robots sont rois
S’il y a bien un domaine où les robots sont en avance sur les hommes, c’est bien la conquête spatiale. Depuis ses débuts, l’astronautique a privilégié l’envoi d’engins automatiques plutôt que d’êtres humains.
Youri Gagarine, le premier homme dans l’espace (en 1961), y fut précédé par la série des satellites Spoutnik, qui étaient complètement automatisés. Le premier qui décolla en 1957 était de conception très simple et se contentait d’émettre des bips afin de prouver son arrivée en orbite. De la même façon, avant d’envoyer l’Homme conquérir la Lune, les grandes puissances firent des explorations initiales par le biais d’engins automatisés. Le Luna 2 d’origine russe fut le premier à s’écraser intentionnellement (on appelle ça un impacteur) dès 1959. La sonde Russe Luna 16 parvint à envoyer des échantillons de sol lunaire sur Terre en septembre 1970, imitée par le Lunokhod (qui était capable de se déplacer) quelques mois plus tard. Il avait parcouru une dizaine de kilomètres en 10 mois.
Mars, la planète voisine, si proche et à la fois si éloignée, a été l’objet de toutes les convoitises des robots. Malgré quelques périodes sombres du côté des Russes, les robots qui se sont posés sur la Planète rouge ont permis un accroissement de nos connaissances. À commencer par les deux sondes
américaines Viking qui sont arrivées sur Mars en 1976 et ont rapporté des images extraordinaires de la planète. Plus impressionnant encore, le robot américain Sojourner (de la mission Mars Pathfinder) de type Rover (roulant) s’est baladé sur le sol pendant trois mois en 1997. Nous devons citer également les deux héros robotiques que sont Spirit et Opportunity, deux Rovers martiens, d’origine américaine également, qui se sont posés en 2003 pour une mission de trois mois. En fait, à l’heure où vous lisez ces mots, ils explorent toujours la planète, presque six ans après leur arrivée !
De nombreuses autres sondes robotisées ont déjà parcouru des mondes jusque-là inconnus. On pourrait citer Huygens, envoyée par l’Agence spatiale européenne sur Titan, un satellite naturel de Saturne. Après sept ans de voyage, le robot a pénétré dans la couche atmosphérique de Titan en 2005 pour nous dévoiler les premières images de ce monde lointain : des océans de méthane au-dessus d’un sol gelé.
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Extrait de Planète Robots n°1 – Décembre 2009