Lire la deuxième partie.
Lire la troisième partie.
L’homme a toujours voulu recréer la vie, ou du moins quelque chose qui y ressemble. Ce n’est pas nouveau, les premières statuettes préhistoriques n’en constituent-elles pas les prémices ? Les robots qui envahissent nos maisons ont déjà une histoire, Planète Robots se doit de la conter.
Au début étaient les automates
Il faut remonter à l’Égypte ancienne pour trouver les premières traces de statuettes et de masques articulés. Cet avant-goût des automates était avant tout destiné aux rites funéraires. Des fouilles archéologiques dans la vallée du Nil ont mis au jour de nombreuses figurines animées. Certaines n’étaient que de simples jouets mus par une ficelle. D’autres étaient des systèmes plus complexes destinés à impressionner les fidèles lors de rites religieux.
Plus tard, dans la Grèce antique, des scientifiques ont conçu des machineries complexes comme des fontaines avec des oiseaux qui chantaient en battant des ailes. Héron d’Alexandrie écrivit même quelques ouvrages sur ce thème.
Au XIII e siècle, grâce à l’apparition des mouvements d’horlogerie, les automates connaissent leur âge d’or. Les jaquemarts, ces automates munis d’un marteau et venant taper sur une cloche toutes les heures, viennent remplacer peu à peu les sonneurs de cloches, pas toujours ponctuels.
Avec la miniaturisation, aidée par l’invention de la bielle et des tambours à programme, on put créer des automates de plus en plus complexes. Léonard de Vinci a lui-même créé un lion. Celui-ci a été présenté pour la première fois à Lyon en 1515, sous la forme d’un automate mobile ayant l‘apparence du Marzocco, le lion emblématique de Florence. Cela eut lieu durant une fête donnée par l’importante communauté florentine de la cité rhodanienne — en hommage à François Ier , de passage dans la ville.
En 1738, c’est au tour de Jacques Vaucanson de créer le Flûteur. un automate en bois capable de jouer une douzaine de mélodies de façon très juste. Le Flûteur passionna les foules à travers toute l’Europe. Un autre automate de Vaucanson eut un grand succès, le Canard. D’après son inventeur, il était capable de cancaner, de battre des ailes et de digérer le grain qu’il avalait par le bec.
Jaquet Droz, un horloger suisse, a construit en 1774 l’Écrivain. En effet, cette poupée de 70 cm plongeait une plume dans son encrier puis écrivait sur la feuille disposée sur son bureau. Plus proche de nous, une machine automatique pour faire le thé est née. Son propriétaire réglait le réveil et remplissait la bouilloire et le réchaud à alcool avant d’aller se coucher et, à l’heure dite, l’automate préparait le thé tout seul puis prévenait le dormeur quand son travail était terminé.
Les êtres artificiels à travers la littérature
La littérature, le cinéma et les jeux vidéo ont toujours été fans de ces êtres animés par leur propre vouloir. Bons ou méchants, ils sont pratiquement toujours la création de l’Homme et reflètent ses pensées, ses fantasmes et son époque.
Le Docteur Frankenstein n’était-il pas un précurseur ? Le roman de Mary Shelley (1816) ouvre les portes à un nouveau genre de littérature : la création d’êtres artificiels, c’est-à-dire des robots. De chair ou de métal, ils inspireront un grand nombre de recherches scientifiques qui donneront naissance aux robots modernes. Victor Frankenstein fait des recherches pendant ses études et fabrique une créature sans nom faite de plusieurs morceaux de cadavres humains. La créature et son créateur entretiendront une relation amour/haine…
Mais c’est la religion qui aura inspiré en partie ces œuvres, notamment l’écriture du titre précédemment cité, Frankenstein. En effet, d’après le Livre des psaumes hébraïque, le Golem est une créature humanoïde artificielle, créée par le rabbin Loew au XVI e siècle, à partir de terre glaise. Le monstre prenait vie lorsque l’on inscrivait EMet (« Vérité ») — un des nombreux noms donnés au Dieu des juifs — sur son front. La créature devenant dangereuse, le rabbin effaça la première lettre (l’aleph) pour le réduire en poussière car Met signifie « Mort ».
Depuis, ce genre littéraire connut un essor grandissant jusqu’à nos jours. L’Ève future (1886), d’Auguste de Villiers de L’Isle-Adam, est un roman où le génial Edison invente Hadaly l’andréide, une femme artificielle censée racheter l’Ève déchue.
En 1920, la pièce de théâtre Rossum’s Universal Robots (R.U.R.), de Karel Capek, introduit pour la première fois le mot « robot », dérivé du terme tchèque robota (travail). Des robots sont créés pour alléger le travail des hommes jusqu’au jour où ces derniers décident de se révolter…
Bien plus près de nous, Isaac Asimov devint l’empereur de la science-fiction grâce à son immense œuvre, dédiée en partie à la robotique. C’est au travers de son cycle des robots qu’Asimov promulgua les fameuses lois de la robotique, qui constituent aujourd’hui les bases de l’éthique robotique.
Les géants de fer blanc
Au début du XXe siècle, avec le triomphe de la pièce de Karel Capek, le principe du robot entre peu à peu dans les esprits. On commence à se demander si ces êtres artificiels ne pourraient pas avoir quelque utilité et nous débarrasser de certaines tâches répétitives. C’est à cette époque que les premiers véritables robots firent leur apparition. Leurs formes grossièrement humanoïdes provoquaient souvent un certain malaise chez les éventuels spectateurs et leur utilité réelle était encore à démontrer.
Dès 1912, Leonardo Torres y Quevedo présenta un automate électromécanique, El Ajedrecista, capable de jouer aux échecs la finale roi + tour contre roi dépouillé. El Ajedrecista était un véritable robot car il fut conçu pour jouer aux échecs sans manipulation humaine. Et lors de l’exposition radiographique de Londres, en 1932, la firme d’électronique britannique Mullards présenta au public son robot Alpha, the Roboter, afin de se faire un grand coup de publicité.Alpha (1,90 m pour un poids d’une tonne) était censé jouir d’une certaine autonomie, mais probablement piloté par un assistant caché. Ledit robot était capable de se lever de son fauteuil, de rouler des yeux, de bouger les lèvres, la tête et les bras, de tirer au revolver et même de répondre aux questions de son public avec une extrême précision.
Puis en 1938, le Suisse Huber présenta Saboc IV, un robot de deux cents kilos, déjà capable d’obéir à quelques ordres simples. Ses mouvements étaient extrêmement lents et lourdauds.
L’Anglais Grey Walter présenta en 1949 ses « tortues », Elmer et Elsie. Ces deux robots autonomes se déplaçaient sur trois roues et s’appelaient officiellement Machina Speculatrix car ils semblaient aimer explorer leur environnement. Elmer et Elsie étaient équipés d’un senseur de lumière. Dès qu’ils repéraient une source lumineuse, ils la rejoignaient en évitant ou en déplaçant les obstacles qui gênaient leur progression. Ils démontrèrent que des ordres complexes pouvaient être répartis en tâches plus simples. Ces robots étaient capables d’aller se recharger quand la batterie donnait des signes de fatigue.
Le concept de ces deux robots fut repris par le Français Albert Ducrocq dans son renard électronique. Il l’affubla de la fourrure d’un renard réel et lui ajouta une mémoire à bande magnétique — afin de lui permettre d’acquérir une certaine expérience.
Lire la deuxième partie.
Lire la troisième partie.
Extrait de Planète Robots n°1 – Décembre 2009
la suite dimanche prochain !